Les cancers pédiatriques, bien que rares, représentent un défi médical majeur en raison de leur spécificité et de leur impact sur les familles. Leur prise en charge repose sur une approche multidisciplinaire et nécessite une expertise pointue pour assurer des traitements efficaces tout en minimisant les séquelles à long terme.
Dr Pascale Philippe Chomette, chirurgienne pédiatrique à l’hôpital Robert-Debré, souligne que la chirurgie oncologique pédiatrique diffère de celle de l’adulte. Plutôt que de cibler un organe, elle s’attache à traiter la maladie dans sa globalité. « Les tumeurs de l’enfant sont très différentes de celles de l’adulte. Elles sont souvent embryonnaires et se développent rapidement. Il est crucial d’intervenir au bon moment et avec la bonne stratégie« , explique-t-elle. Les tumeurs pédiatriques, issues du blastème, se caractérisent par une croissance rapide et imposent un diagnostic précoce, parfois en urgence.
Bien que les cancers de l’enfant ne représentent qu’environ 1 % des cancers, avec 2 500 nouveaux cas annuels en France, ils ont un impact majeur sur les familles concernées. Parmi eux, 400 nouvelles tumeurs solides thoraco-abdominales sont diagnostiquées chaque année. L’hôpital Robert-Debré prend en charge près de 80 de ces cas annuels, avec un pronostic généralement favorable, ce qui permet aux équipes médicales de rassurer dès l’annonce du diagnostic. « Heureusement, les avancées médicales nous permettent d’offrir aux familles des perspectives encourageantes. Un diagnostic précoce et une prise en charge adaptée sont des facteurs clés de guérison. »
Une prise en charge multidisciplinaire et précautionneuse
Le traitement repose sur une combinaison de chirurgie, chimiothérapie et radiothérapie. Toutefois, chez l’enfant de moins de trois ans, l’usage de la radiothérapie est limité pour prévenir les effets secondaires sur la croissance et la fertilité. « Chaque décision thérapeutique doit être pesée pour éviter les conséquences à long terme. Parfois, nous choisissons d’attendre et de surveiller plutôt que d’intervenir immédiatement« , précise le Dr Philippe Chomette. Certaines tumeurs, comme le neuroblastome 4S chez le nourrisson peuvent être simplement surveillées, tandis que d’autres nécessitent une intervention immédiate.
Une priorité de l’oncologie pédiatrique est d’éviter les séquelles à long terme. La chirurgie cherche ainsi à être la moins invasive possible, en préservant les organes affectés. « Nous devons trouver le juste équilibre entre l’extirpation de la tumeur et la préservation des fonctions essentielles pour la vie future de l’enfant », insiste la docteure. Actuellement, la chirurgie mini –invasive notamment robotique développée à l’hôpital Robert-Debré permet d’avoir une chirurgie oncologique de précision avec des suites simples permettant une reprise précoce des traitements.
Les particularités des tumeurs pédiatriques
Les tumeurs embryonnaires, peu connues des oncologues adultes, sont fréquentes chez les nourrissons. Certaines, comme les tératomes ou les néphromes mésoblastiques, nécessitent une prise en charge prudente pour éviter l’ablation inutile d’un organe. Dans ces cas, l’expertise des radiologues pédiatres permet parfois d’éviter une biopsie invasive.
Le neuroblastome est la tumeur solide extracérébrale la plus fréquente chez l’enfant avant cinq ans. D’une grande variabilité, il peut aller d’une forme localisée de bon pronostic à une maladie métastatique agressive. Son traitement repose sur une approche pluridisciplinaire et une stratégie adaptée aux caractéristiques biologiques de la tumeur. « Les neuroblastomes sont des tumeurs complexes, mais nous avons aujourd’hui des outils précieux pour ajuster nos traitements et améliorer les chances de guérison », affirme la Dr Pascale Philippe Chomette.
Une organisation optimisée pour une meilleure prise en charge
L’hôpital Robert-Debré collabore avec l’Institut Curie pour le traitement des tumeurs solides, organisant des réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP) toutes les deux semaines. Une consultation génétique conjointe permet également d’identifier d’éventuelles prédispositions héréditaires et d’adapter le suivi des patients. « Le travail en réseau et la concertation entre spécialistes sont indispensables pour offrir le meilleur parcours de soins possible à chaque enfant. »
Enfin, l’accompagnement des familles est un enjeu central. Sophie Rosa, infirmière référente, a développé une grille d’annonce spécifique pour aider les parents à comprendre et à faire face au diagnostic. La prise en charge globale de ces jeunes patients vise ainsi à guérir tout en assurant une qualité de vie optimale à long terme.
À l’occasion de la Journée mondiale des cancers de l’enfant, il est essentiel de rappeler l’importance de la recherche et de l’amélioration continue des traitements. Grâce aux progrès médicaux et à l’engagement des professionnels de santé, l’espoir grandit pour les jeunes patients et leurs familles.