Journée mondiale contre le cancer, les infirmières de pratique avancée dans l’accompagnement des patients

Journée mondiale contre le cancer, les infirmières de pratique avancée dans l’accompagnement des patients

À l’occasion de la journée mondiale contre le cancer, l’Institut du Cancer AP-HP. Nord – Université Paris Cité réaffirme son rôle clé dans la prise en charge et la recherche en oncologie. Héritier des travaux du Pr Jean Dausset, prix Nobel de médecine, il regroupe sept hôpitaux du GHU AP-HP. Nord et mobilise plus de 150 médecins et 180 chercheurs pour offrir aux patients des traitements de pointe.

Avec 648 lits d’onco-hématologie et 122 places de thérapies systémiques il prend en charge plus de 16 000 patients chaque année, dont 10 000 nouveaux, tous âges confondus. L’Institut couvre toutes les spécialités : cancérologie d’organes, hématologie (CAR-T Cells, allogreffe médullaire), immunothérapie, radiothérapie, soins de support, oncogériatrie et oncologie pédiatrique.

L’Institut du Cancer AP-HP. Nord – Université Paris Cité est également un moteur de la recherche avec 404 publications scientifiques, plus de 550 essais cliniques (données 2023) et des structures de pointe.

En seulement quatre ans, l’Institut a su s’imposer comme un centre d’excellence en cancérologie. Sa labellisation en tant que Centre d’excellence européen par l’OECI atteste de son engagement à offrir aux patients les traitements les plus innovants et une prise en charge coordonnée et multidisciplinaire. Lire le communiqué de presse

Depuis trente ans à l’hôpital Bichat – Claude-Bernard, Abida Haneefa est infirmière de pratique avancée (IPA) en oncologie dermatologique, gynécologique et thoracique depuis deux ans. Un rôle charnière entre les patients et les médecins, qui illustre l’évolution de la prise en charge du cancer.

Son engagement va au-delà du suivi clinique. Coordinatrice du centre de coordination en cancérologie des hôpitaux Beaujon, Bichat – Claude-Bernard, Louis-Mourier, elle joue un rôle clé dans l’amélioration des pratiques hospitalières. Elle a participé à la labellisation par l’OECI – Organisation of European Cancer Institutes de l’Institut du Cancer AP-HP. Nord – Université Paris Cité, une reconnaissance européenne qui garantit une prise en charge de qualité pour les patients atteints de cancer.

Elle s’implique aussi dans l’évolution des soins en tant qu’experte paramédicale. « Les IPA ne sont pas seulement là pour suivre les patients, nous avons aussi un rôle à jouer dans la transformation des pratiques soignantes », explique-t-elle.

 

IPA et IDEC : des rôles clés dans la prise en charge

L’IPA est un maillon essentiel dans le parcours des patients atteints de cancer. Ce métier se situe à mi-chemin entre l’infirmier et le médecin. Elle peut prescrire certains traitements et examens, assurer un suivi clinique approfondi et adapter la prise en charge des patients atteints de pathologies chroniques.

À l’hôpital Bichat – Claude-Bernard, les IPA travaillent en binôme avec les oncologues et assurent une surveillance rapprochée. « Si un patient se dégrade, nous pouvons immédiatement faire remonter l’information au médecin et prévoir de nouveaux examens », explique Abida. Leur présence permet de fluidifier le parcours de soins et d’offrir aux patients un suivi plus personnalisé.

L’infirmière de coordination (IDEC) joue, elle aussi, un rôle central. Dès l’annonce du diagnostic, elle intervient pour organiser les rendez-vous médicaux, planifier les traitements et orienter le patient vers les bons interlocuteurs. Elle est un repère dans un système parfois complexe. « Les infirmières d’annonce et de coordination voient le patient une fois que le médecin a fait l’annonce du cancer. Parfois, la situation est trop complexe, et l’IPA est sollicitée pour reformuler et expliquer. »

 

Au cœur du suivi en oncologie

Le parcours de soins au sein de l’hôpital Bichat – Claude-Bernard est bien organisé : « Le cancer est diagnostiqué par un examen médical, des prises de sang et un entretien. Si une suspicion de masse se présente, une biopsie est réalisée pour confirmer le diagnostic », explique-t-elle. C’est cette preuve anatomopathologique qui permet de déterminer la nature du cancer et de définir la meilleure stratégie thérapeutique.

Les IPA travaillent en binôme avec les oncologues, disposent d’un droit de prescription et assurent un suivi rapproché des patients. Elles sont aussi des figures familières et accessibles. « Vous voyez les deux patients qui attendaient devant vous ? Je n’avais pas rendez-vous avec eux, mais ils savent que nous sommes plus disponibles que les médecins », confie Abida. Ces échanges spontanés témoignent de la confiance que les malades placent en elle. « Tous les jours, des patients viennent frapper à ma porte. Parfois, ce n’est pas pour une consultation, juste pour être rassurés. »

Car l’angoisse fait partie intégrante du quotidien des malades : l’angoisse d’une récidive, l’angoisse d’un symptôme inattendu, l’angoisse du retour à domicile après une longue prise en charge hospitalière. « Vous avez suivi un traitement intensif, et du jour au lendemain, on vous dit : “Rentrez chez vous, on se revoit dans quatre mois”. Comment réagir ? », interroge Abida, consciente du bouleversement que cela représente pour les patients et leurs proches.

Pour alléger cette angoisse, les IPA orientent les patients vers des soins de support : ateliers de danse latine adaptée, séances de maquillage avec une socio-esthéticienne, sophrologie… « Nous proposons aussi des rencontres avec des psychologues, des diététiciens, etc. Et nous participons à des campagnes de sensibilisation comme Octobre Rose, Mars Bleu, Movember. »

Un rôle central lors de l’annonce du diagnostic

L’IPA peut être amenée à reformuler les explications du médecin : « Certaines personnes ne vont pas entendre. Le médecin a l’obligation d’informer, mais si le patient ne veut pas l’entendre, il en a le droit. » Abida et les IDEC utilisent alors d’autres mots, un autre ton, pour aider à comprendre.

« Ça me rappelle la vie »

Abida a fait de son bureau un cocon coloré.
« J’ai besoin de couleurs. L’empathie va dans les deux sens. Les situations humaines me touchent. Et si je perds cette humanité, j’arrête. » Entre dessins d’enfants, plantes et citations inspirantes, son bureau respire l’écoute et la bienveillance. « Une de mes patientes a été marquée par cette phrase : « L’espoir, c’est vouloir quelque chose. La foi, c’est croire en quelque chose. Le courage, c’est faire quelque chose. »

Loin d’être un simple lieu de consultation, l’espace d’Abida est un refuge où les patients peuvent exprimer leurs peurs et trouver du soutien. Son engagement et sa sensibilité révèlent l’importance croissante des IPA dans l’accompagnement des malades atteints d’un cancer.

« Nous sommes là pour eux. Nous éveillons les questions et apportons des réponses. »